mardi 10 avril 2007

Comment expliquer le succès du modèle soviétique après la guerre ? Sur quoi s’appuient ceux qui le critiquent ?

1.ETUDE D’UN ENSEMBLE DOCUMENTAIRE

Comment expliquer le succès du modèle soviétique après la guerre ? Sur quoi s’appuient ceux qui le critiquent ?

Première partie :

1.Présentez de manière synthétique les documents (en évoquant notamment le contexte historique)

Le sujet nous propose un ensemble documentaire qui porte sur le modèle soviétique après la Seconde Guerre Mondiale.
Les 5 documents présentés émanent de sources fort différentes : tout d’abord nous avons une peinture (doc.1) et une affiche (doc. 3) qui sont de purs de instruments de propagande du régime, glorifiant Staline et Gagarine (le premier cosmonaute).Il y a également deux textes de dignitaires du parti communiste (doc. 2) faisant l’éloge du système politique et économique ainsi qu’un témoignage élogieux d’un député communiste français venu en visite en URSS en 1950 (doc. 4). Le dernier texte (doc. 5) tranche complètement avec les autres documents : il émane d’un transfuge (V.A. Kravchenko) qui, dans un récit J’ai choisi la liberté publié en 1949, dénonce le régime.

Ces documents datent (à l’exception du doc. 3 plus récent) d’une époque où l’URSS est dirigée par Staline, et ce d’une poigne de fer depuis 1928. Il a réussi à mener son pays à la victoire dans la Seconde Guerre Mondiale ce qui lui a apporté un grand prestige personnel et a donné de l’URSS l’image d’un pays martyr, meurtri par la guerre, mais dynamique et capable d’aller de l’avant. L’armée rouge, dans sa progression vers l’ouest pour vaincre l’Allemagne nazie, a libéré toute l’Europe orientale où elle a imposé des régimes communistes. En Europe occidentale les partis communistes qui ont participé à la résistance ont une grande audience à cette époque. Ce contexte particulier contribue à expliquer le succès du modèle soviétique à cette époque.

2.Quelle image de l’Union soviétique véhiculent les doc. 1 et 3 ?

La peinture intitulée La jeunesse du monde est pour la paix de 1951 est caractéristique de la peinture officielle du régime soviétique : une peinture très réaliste qui illustre l’idéologie du système. On y voit une grande foule joyeuse et pacifique abritée sous le portait de son chef Staline. A l’arrière plan on reconnaît l’effigie de l’autre grand leader communiste (le Chinois Mao Zedong) ainsi que les drapeaux de toutes les nations.
Cette composition est une façon de montrer que le communisme est une idéologie qui est pacifique et universaliste.

Le document 3 offre une approche un peu différente : l’affiche représente le cosmonaute Gagarine, véritable héros du peuple. C’est le premier homme envoyé dans l’espace : il a permis à l’URSS, une fois de plus (après le succès du Spoutnik en 1957), de montrer que, dans le domaine spatial, elle était en avance sur les Etats Unis. Gagarine est le symbole de la modernité économique de l’URSS.

3.Comment est organisé le système politique et économique de l’URSS (doc. 2 et 5)

Dans le document 2 le secrétaire du Comité Central du PC de Biélorussie –l’une des 15 Républiques qui constituent l’URSS- a la bonne idée, dans un article du quotidien la Pravda de 1952, de nous présenter le fonctionnement du PCUS (Parti Communiste de l’Union Soviétique) qui est le parti unique en URSS et s’inspire des grandes idées de Marx et de Lénine. Cet article qui parle de l’unité et de la cohésion du parti est tout à fait caractéristique du discours politique de ce type de régime dans lequel on rabâche sur un ton incantatoire des grandes généralités
Kravchenko (dans le doc. 5), qui dénonce ce système explique qu’il s’agit d’une véritable dictature exercée depuis le Kremlin par Staline et son Politburo (c’est-à-dire le bureau central du PCUS) avec l’aide d’un « gigantesque organisme policier » (il désigne par là le KGB, la police secrète soviétique.

Dans le document 2, le deuxième extrait nous rappelle le fonctionnement du système économique communiste. Les moyens de production sont aux mains de l’Etat (tant dans l’agriculture, que l’industrie ou le commerce). L’Etat met en place une planification obligatoire (il est question des objectifs du plan quinquennal d’après guerre)

4.Quelle vision de l’URSS Fernand Grenier ramène-t-il de son voyage en URSS en 1950 ? (doc4)

Fernand Grenier, qui est un député communiste français, apparaît absolument enchanté de son séjour de 3 semaines en URSS en 1950. Apparemment il a vu de nombreux signes sembler montrer que les Soviétiques ont accès aux biens de consommation de base et même à des biens plus luxueux (parfum), que sur le plan culturel le régime fait beaucoup (maisons de la culture). Il a ressenti une impression d’allégresse, de bonheur telle qu’on la retrouve sur la peinture du doc.1. De ce fait il conclut que les détracteurs de l’URSS sont des menteurs.

On peut remarquer que tant l’URSS que la Chine ont toujours été très habiles à recevoir des délégations étrangères et leur montrer ce qu’ils voulaient leur montrer. Fernand Grenier n’est sans doute pas un menteur, mais est-il conscient qu’il a été mené dans des lieux bien choisis pour glorifier le régime ? De plus il ne parle pas du système politique mais seulement de la vie quotidienne.

5.Que dénonce Kravchenko dans son récit J’ai choisi la liberté ? (doc.5)

Kravchenko, qui est Soviétique et a donc vécu de l’intérieur la dictature stalinienne, a une version très différente des faits. Il dénonce la propagande communiste qui consiste à faire croire que le système soviétique est une forme de liberté et qu’il représente la démocratie véritable (puisqu’il promet aux citoyens la satisfaction de leurs besoins essentiels : nourriture, logement, travail, santé, accès à la culture) par opposition à la démocratie « vieux jeu » -sous-entendu celles des Etats-Unis et de l’Europe occidentale- qui se contente d’énoncer de grands principes (liberté d’expression, liberté politique) sans forcément essayer de les mettre en application d’où son hypocrisie.

Deuxième partie : synthèse

Après la Seconde Guerre Mondiale le communisme a le vent en poupe. L’URSS sort auréolée de sa victoire contre le nazisme. En libérant l’Europe orientale elle y a mis en place des régimes communistes calqués sur le sien.
Par ailleurs les partis communistes sont à cette date très puissants en Europe occidentale, notamment en France (1er parti en 1945) et en Italie.
Or l’URSS véhicule un modèle politique, économique et social très particulier. Quelles sont ses caractères et comment s’explique son succès à cette période. Quels sont les points que soulignent ses détracteurs ?

Le modèle soviétique entend assurer à tous les habitants de l’URSS (et à ceux des démocraties populaires d’Europe orientale) la satisfaction de leurs besoins essentiels : nourriture, logement, accès aux biens de consommation de base –ce qui est loin d’être négligeable au sortir de la Seconde Guerre Mondiale alors que peuple soviétique a connu de manière terrible la faim, les privations, le froid…
Mais il promet aussi l’insertion de l’individu dans un système qui lui assure un emploi, prend en charge son éducation, sa santé et ses loisirs. Le citoyen soviétique peut, a priori, se déplacer facilement (transports en commun bon marché) et avoir facilement accès aux biens culturels peu onéreux.

En contrepartie de ce volet social qui peut sembler assez séduisant, surtout dans l’après-guerre, le système politique mis en place depuis la révolution bolchévique de 1917 repose sur un parti unique tout puissant (le PCUS, Parti Communiste de l’Union Soviétique ) à la tête duquel Staline dirige le pays depuis 1928 en s’appuyant juste sur quelques dignitaires du « Politburo » (le bureau politique du Parti Communiste). Il y a certes une Constitution, des assemblées élues par le peuple mais lors des scrutins il n’y a qu’un candidat unique du parti pour chaque mandat.

L’économie est fondée sur la collectivisation des moyens de production tant dans l’agriculture (Kolkhozes et Sovkhozes) que dans l’industrie (gros complexes énergétique et d’industrie lourde) et dans le commerce (magasins d’Etat). Tous ces secteurs sont soumis à des objectifs de production fixé par un plan quinquennal obligatoire.

Ce système s’appuie sur une intense propagande glorifiant les succès du régime (par exemple ses exploits en matière spatiale, ses victoires sportives…).

La propagande tend notamment à accréditer l’idée que le modèle soviétique accorde à ses citoyens des « libertés réelles » -par le fait qu’ils ont un emploi, un accès à l’éducation et à la santé- par opposition aux « libertés formelles » des démocraties occidentales qui se contentent d’énoncer de grands principes (égalité, liberté de parole) sans se préoccuper de les mettre en application.

Le régime développe également un culte de la personnalité autour de Staline dont le prestige s’est accru après la victoire de 1945. Il contrôle la population par une répression féroce : les opposants sont arrêtes et déportés dans les nombreux camps de travail du Goulag grâce à l’efficacité de la police secrète (le KGB)
C’est cet aspect répressif qui est dénoncé par certains soviétiques (les « dissidents » tels Kravchenko ou Soljenytsine) et par les Occidentaux.

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