Chapitre II suite,Les grandes aires de civilisation dans le monde

L’organisation et l’évolution du monde actuel ne relèvent pas seulement de la logique marchande de la mondialisation. En effet le développement des ces flux commerciaux ne se fait pas dans un espace neutre mais dans un espace où l’on trouve une grande diversité de civilisations dont certaines ne partagent pas les valeurs matérialistes de la société de consommation occidentale.

On notera toutefois que partout dans le monde les hommes du XXIe siècle (et surtout les plus jeunes) ont un goût très prononcé pour certains biens de consommation : télévision, voiture, ordinateur ou téléphone portable… objets tout autant fascinants pour un jeune Malien, un jeune Irakien que pour un jeune Rochelais car ils ouvrent une fenêtre sur un ailleurs. Les autres objets sont moins convoités car ils sont plus utilitaires (produits alimentaires, électroménager.. une ménagère peut continuer à s’en passer ) ou trop dépendants de critères esthétiques (ex. mobilier, objets de décoration) pour faire l’unanimité.

Mais cet attrait pour les mêmes objets cache de profondes différences dans les modes de pensée en fonction de l’appartenance à différentes aires de civilisations.

Par civilisation on entend une société qui partage une combinaison de traits culturels : les gens y appartenant partagent les mêmes valeurs et se sentent proches voire solidaires.

Les traits culturels qu’on peut retenir pour les caractériser les différentes civilisations sont les suivants :

l’appartenance religieuse ou l’adhésion à un système philosophique (ex. bouddhisme n’est pas une religion)

le sentiment de partager une histoire commune et d’avoir en mémoire des épisodes importants (même si l’on n’appartient pas au même Etat)

le partage d’une langue de communication ou de langues apparentées

les structures sociales par exemple : la place de l’individu dans le groupe (épanouissement de l’individu passe-t-il avant l’intérêt du groupe ?), la position de la femme dans la société (sujétion, égalité, liberté sexuelle), les systèmes matrimoniaux et d’héritage, l’attitude face à l’autorité, aux anciens et à la tradition (respect, refus, attrait pour la nouveauté)
les structures mentales par exemple : l’attitude face au progrès technique et scientifique (refus, indifférence, attrait), l’attitude face aux biens matériels (accumulation, ostentation..)
les idéologies politiques qui en découlent indirectement

C’est ainsi que nous pouvons caractériser la civilisation de l’Europe occidentale comme une civilisation avec un fonds religieux judéo-chrétien (même si la pratique religieuse y est très faible), qui adhère aux valeurs de la démocratie née en Grèce dans l’Antiquité puis remise au goût du jour avec la Révolution de 1789, qui parle des langues indo-européennes d’origine latine ou germanique, qui accorde une grande place à l’individu et au respect de sa dignité, qui aujourd’hui place juridiquement la femme sur un pied d’égalité avec l’homme, qui est fascinée depuis la Renaissance par le progrès scientifique et technique et qui s’affranchit aisément des traditions, de l’autorité des anciens pour être attirée par la nouveauté, qui est devenue très matérialiste et aspire à davantage de confort matériel

La civilisation de l’Amérique du Nord qui en est directement issue se rapproche beaucoup de celle de l’Europe Occidentale avec quelques nuances : la pratique religieuse y reste beaucoup plus présente notamment dans les différentes églises protestantes ; les Américains du Nord surtout les Etatsuniens sont très fiers de la puissance économique et politique du pays que leurs ancêtres immigrants, venus d’Europe principalement ont bâti de leurs mains (ils sont imprégnés de leur histoire récente et connaissent fort peu celle du reste du monde) ; cette Amérique du Nord partage la même langue (l’anglais qui est en même temps devenue la langue des échanges internationaux), L’aspiration à l’accumulation de biens matériels y est encore plus développée.

A l’inverse la civilisation musulmane se caractérise par un certain nombre de traits culturels qui s’opposent parfois fortement à celles de l’Europe : la religion musulmane y rythme encore la vie quotidienne ( appels aux 5 prières) et l’année (mois de Ramadan, autres fêtes religieuses). Le sentiment de faire partie de l’Umma, la communauté des croyants est très fort ; l’arabe y est la langue de la prière mais également la langue partagée au quotidien dans le noyau arabo-musulman (Afrique du Nord, Proche Orient), ; l’islam depuis les origines s’est implanté dans des régions aux sociétés patriarcales où la femme est dans un statut très inférieur (parfois simplement voilée, parfois totalement cloîtrée, sous le contrôle de son père ou de son mari, susceptible d’être répudiée ou de se voir infliger jusqu’à 3 co-épouses par son mari). Pendant très longtemps les régions musulmanes ont aspiré au retour à un âge d’or perdu (le Moyen Age où le monde musulman était unifié politiquement et à la pointe de la philosophie comme de la science) d’où une indifférence voire un refus des innovations techniques venues d’occident.