mardi 10 avril 2007

INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE

On peut distinguer plusieurs phases :
1958-1962 : la mise en place des nouvelles institutions et la solution du problème algérien
1962-1969 : la République gaullienne
1969-1981 : la Ve République à droite sous Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing
1981-1995 : la Ve République à gauche sous Mitterrand
1995-2007 : la période actuelle sous Jacques Chirac


I.La mise en place des nouvelles institutions et la solution du problème algérien

La Constitution de 1958

1.Ses sources
Son inspiration est à chercher dans l’important discours politique prononcé le 16 juin 1946 à Bayeux par le général de Gaulle à un moment où la France se cherche de nouvelles institutions.

2.la Constitution de 1958
cf schéma





Précisions :
En vertu de l’article 16 Le Président de la République peut, en cas de crise grave, obtenir les pleins pouvoirs pour une durée de 6 mois (cette clause est destinée à empêcher le régime de sombrer en cas de guerre ou de coup d’Etat comme cela a été le cas en 1940 et en 1958).

Par l’article 49-3 le gouvernement dispose de la possibilité de faire adopter une loi en bloc (c’est-à-dire sans que l’AN ne la discute) en engageant la responsabilité du gouvernement sur cette loi (Cela revient à une sorte de chantage : « Adoptez ma loi sans discuter sinon je démissionne ! ») Cela permet de faire adopter rapidement une loi quand le temps presse, que le débat s’annonce difficile ou que l’opposition a proposé trop d’amendements.

La solution du problème algérien

Après de multiples péripéties le Général de Gaulle réussit en 1962 à faire accepter la nécessité pour la France d’abandonner l’Algérie.
Les accords d’Evian (mars 1962) sont signés en ce sens. Par référendum les Français les entérinent. Les « pieds-noirs » quittent l’Algérie massivement et s’installent en France tandis que l’O.A.S. (Organisation Armée Secrète, organisation qui est pour l’Algérie française et refuse les accords d’Evian) multiplie les attentats.


2.La République gaullienne

1.La révision constitutionnelle d’octobre 1962

De Gaulle est également décidé à renforcer le pouvoir du Président et fait adopter une révision constitutionnelle (par voie de référendum) qui permettrait d’élire le Président au suffrage universel direct.

B.Une France forte et prospère

Le contexte économique est particulièrement favorable. La création du nouveau franc en 1960 (1 nouveau franc = 100 anciens Francs) contribue à la modernisation de l’économie.
Parallèlement de Gaulle entend mener une politique étrangère originale.
Il engage la France dans un programme nucléaire : elle se dote de la bombe atomique en 1960
En 1966, il retire la France du commandement interallié de l’OTAN (qui est contrôlé par les Américains) : les bases de l’OTAN en France sont fermées ;

C.Les événements de mai 1968

En mai 1968 éclate une contestation étudiante qui prend une ampleur considérable, paralysant les Universités mais aussi tout le système éducatif et bientôt le système productif car les entreprises privées et le secteur publics sont également paralysés par d’énormes grèves. De Gaulle qui est d’une autre génération ne comprend pas le phénomène (« C’est la chienlit ! » déclare-t-il)
Que veut donc cette jeunesse qui vit dans un pays prospère, puissant et politiquement stable ?
Apparemment elle refuse de se laisser enfermer dans un conformisme social (« métro-boulot-dodo »), elle supporte très mal la tutelle d’une société patriarcale, incarnée par De Gaulle qui contrôle toutes les hiérarchies Elle souhaite une plus grande liberté des mœurs (notamment sur le plan sexuel).

De Gaulle est totalement débordé par cette crise. Que faire ? Finalement après un mois de paralysie, une énorme manifestation de soutien à De Gaulle est organisée et lui permet de reprendre les rênes du pouvoir alors que les grèves s’arrêtent progressivement. Il dissout l’assemblée nationale, forme ensuite un nouveau gouvernement et tout semble rentrer dans l’ordre.
Mais la société française ne sera plus comme avant (ce n’est pas un hasard si, dans les années qui suivent, la majorité passée à 18 ans, l’avortement est légalisé et la société devient beaucoup plus permissive).
L’année suivante (1969) De Gaule organise un référendum et se retire devant le succès du non. (Il mourra l’année suivante).

III.1969-1981 : la Ve République sous Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing

A.Pompidou (1969-1974) : un mandat écourté

Pendant ces 5 années la France vit une période prospère (on est toujours dans les « 30 glorieuses »), continue à travailler à la Construction de l’Europe. Politiquement la Droite tient solidement le pouvoir et il ne se passe pas grand-chose de spectaculaire. Pompidou atteint d’une grave maladie décède en cours de mandat.

B.Le mandat de Valéry Giscard-d’Estaing (1974-1981)

Ancien Ministre des Finances sous De Gaulle, très jeune Président de la République (48 ans), VGE est un esprit brillant mais malheureusement il va se trouver confronté à une situation économique particulièrement difficile : période de « stagflation » avec stagnation économique, inflation et montée spectaculaire du chômage.
Ni Jacques Chirac (Premier Ministre de 1974 à 1976), ni son successeur Raymond Barre (Premier Ministre de 1976 à 1981 n’arriveront à venir à bout de ces difficultés économiques. Cela explique en partie le succès de la Gauche aux élections de 1981 qui promet une autre politique.

IV. La République mitterrandienne (1981-1995)

C’est la première fois que la Gauche arrive au pouvoir sous la Ve République (après 23 ans de gouvernement de droite) et cela suscite un grand espoir de changement.

1.Les grandes réformes de 1981-1982

L’Union de la Gauche (c’est-à-dire l’union du parti socialiste, du parti radical de gauche et du parti communiste) avait adopté un programme commun de réformes très ambitieux que le Premier Ministre de Mitterrand, Pierre Mauroy, s’empresse de mettre en œuvre :
5e semaine de congés payés
augmentation du SMIG
Nationalisation d’un certain nombre de secteurs d’activités stratégiques (banques et grandes entreprises industrielles)
Décentralisation

B.Le changement de cap de 1983

Malheureusement cette politique économique se heurte aux réalités internationales : l’augmentation du pouvoir d’achat des Français se traduit par des achats massifs de produits étrangers (c’est notamment l’époque de l’équipement massif des ménages en magnétoscopes japonais). La balance commerciale française atteint un déficit record, l’inflation atteint presque 14 % et Mitterrand est obligé de changer de gouvernement (Laurent Fabius devient Premier Ministre en 1983) pour mener une politique de rigueur.
Pendant le reste des deux mandats de Mitterrand la France continuera à mener cette politique économique modérée qui parvient à limiter l’inflation, à rétablir la stabilité du franc mais est relativement inefficace à lutter contre le chômage qui va se maintenir à environ 10 % de la population active (autour de 3 millions).

C.La cohabitation

Par cette expression on désigne une période pendant laquelle la France est dirigée par un Président de la République qui n’est pas de la même couleur politique que son Premier Ministre, ce qui est problématique vu le rôle important du Président de la République sous la Ve République selon la Constitution.
Ainsi lors des élections législatives de 1986 c’est la droite qui l’emporte et Jacques Chirac (RPR) est nommé Premier Ministre.
Il y a une 2e cohabitation de 1993 à 1995 entre Mitterrand et son Premier Ministre de droite Balladur

V.La Ve République sous Chirac (1995-2007)

Jacques Chirac est élu Président de la République en 1995 et nomme un nouveau Premier ministre de droite : Alain Juppé.
En 1997 Chirac a l’idée de dissoudre l’Assemblée Nationale (qui aurait du être renouvelée en 1998) pensant plus facilement obtenir une majorité de droite en anticipant les élections. C’est un mauvais calcul puisque la nouvelle Assemblée Nationale est majoritairement de gauche. On connaît alors une 3e cohabitation entre Chirac et son Premier Ministre socialiste Lionel Jospin.
En 2000 est votée une révision constitutionnelle ramenant le mandat présidentiel à 5 ans au lieu de 7 ans (l’idée est notamment de permettre de supprimer la cohabitation puisque le Président comme l’Assemblée Nationale seront élus pour un même mandat de 5 ans).

En 2002 Jacques Chirac se présente pour un nouveau mandat. L’émiettement des candidatures au 1er tour, à droite comme à gauche et l’importance de l’abstention aboutissent à ce que le 2e candidat le mieux placé soit le leader du Front National (extrême droite) Jean-Marie Le Pen, et non, comme on s’y attendait, le socialiste Lionel Jospin. De grandes manifestations ont lieu entre les deux tours pour protester contre la menace de l’extrême-droite. Tous les partis classiques, de droite comme de gauche, appellent à voter pour Jacques Chirac qui est alors réélu avec plus de 80 % des suffrages.
Dans la foulée les élections législatives sont organisées donnant une très confortable majorité au grand parti de droite (UMP Union pour la Majorité Présidentielle). Jean-Pierre Raffarin est nommé Premier ministre (puis Dominique de Villepin)
Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’un Président élu avec un % de voix aussi fort et un Premier Ministre du même bord investi d’une si large majorité aient les coudées franches pour mener une politique de droite, on observe depuis 2002, de nombreux conflits sociaux qui se traitent dans la rue et non à l’Assemblée Nationale (à propos de la réforme des retraites, des intermittents du spectacle, de la réforme de l’éducation, du CPE).

La politique économique menée pendant cette période reste très modérée, ayant permis de juguler l’inflation (autour de 2%°), mais maintenant une croissance économique médiocre (2-3 %), un déficit budgétaire élevé et ne réussissant pas à ramener le taux de chômage à un niveau raisonnable malgré plusieurs mesures de gauche votées sous le gouvernement Jospin (création des emplois-jeunes, loi sur les 35 h).

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