mardi 10 avril 2007

L’ASIE ORIENTALE AIRE DE PUISSANCE EN EXPANSION

Plan

I.La façade orientale de l’Eurasie

A.L’opposition plaine/montagne et le rôle des littoraux
B.Des conditions biogéographiques favorables à la riziculture
C.L’empreinte de la civilisation chinoise

II.Des économies extraverties littoralisées

A.Des choix économiques spécifiques
B.De grandes régions industrielles littorales
C.D’immenses villes-portuaires

I.Des inégalités profondes mais une politique d’intégration régionale

A.Une typologie de la région selon le degré de développement économique
B.Des politiques intégration régionale dans le cadre de l’ASEAN


I.La façade orientale de l’Eurasie


A.L’opposition plaine/montagne et le rôle des littoraux

En Asie orientale on constate très souvent que les plaines littorales sont densément peuplées et mises en valeur et s’opposent aux collines et montagnes boisées de l’intérieur qui sont souvent peu peuplées et où l’agriculture est restée traditionnelle et peu productive.
C’est particulièrement le cas en Chine, au Viêt-nam ou au Japon où la riziculture n’occupe que les plaines et où les montagnes ont été peu mises en valeur. Les plaines ont été totalement défrichées, on n’y trouve plus la trace de la moindre forêt. C’est parfois moins net dans d’autres régions (ex. aux Philippines où il existe des rizières étagées sur les pentes).
En tout cas les régions de plaines littorales sont des zones de fortes densités
B.Des conditions biogéographiques favorables à la riziculture

Cette Asie orientale présente une ambiance bioclimatique relativement homogène en période d’été : il y fait des températures très élevées (pas loin de 30 °) et les précipitations sont abondantes à cette saison et en fin d’été. Ces conditions sont particulièrement propices à la culture du riz, plante exigeante en chaleur et en humidité.
En hiver par contre cet espace se différencie fortement : dans la zone intertropicale (de Java à Taiwan, en passant par Singapour ou Canton), l’hiver n’existe pas ce qui permet de faire une deuxième voire une troisième récolte. Par contre plus vers le nord l’hiver est rigoureux voire très rigoureux (c’est le cas à Pékin, Tokyo ou Séoul)
On peut donc pratiquer la riziculture qui est la culture dominante de cet espace jusqu’au nord du Japon, à Hokkaido, néanmoins cette culture est supplantée par le blé dans le nord de la Chine.

C.L’empreinte de la civilisation chinoise

Cet espace a été fortement marqué par la civilisation chinoise. L’Empire du Milieu (comme se nommait la Chine impériale) a exercé un forte emprise culturelle sur ses voisins : elle a transmis des innovations techniques (papier, boussole, poudre) mais aussi son écriture (les caractères chinois adoptés par exemple par le Japon) et certains modes de pensée inspirés notamment du philosophe Confucius (Ve siècle avant Jésus Christ) qui insiste beaucoup sur le respect et la piété filiales ainsi que sur le respect de la hiérarchie sociale.

II.Des économies extraverties littoralisées

A.Des choix économiques spécifiques

1.Le modèle économique japonais
N.B. (connaissances a utiliser également dans le chapitre sur la Mégalopole)
Un rappel est nécessaire pour comprendre la prospérité actuelle du Japon, 2e puissance économique mondiale. Il faut retourner à 1867, année de la révolution du Meiji qui marque pour le pays une sortie forcée du Moyen Age sous les coups des Occidentaux qui entendent pénétrer le marché japonais. A partir de là le Japon se met « à l’école de l’Europe » et va s’industrialiser rapidement (industrie textile, sidérurgie).
A partir du début du XXe siècle l’attitude de ce Japon modernisé devient très arrogante et agressive envers ses voisins : il annexe Formose, puis la Corée, puis la Mandchourie (placée sous protectorat en 1934) avant de s’en prendre à la Chine en 1937 et notamment à sa capitale économique Shanghai, ce qui marque le début de la Seconde Guerre Mondiale en Asie.
Le Japon en sort ruiné en 1945 mais un concours de circonstances favorables va lui permettre de redémarrer rapidement. Craignant une contagion du communisme en Asie au moment de la guerre de Corée (1950), les Etats-Unis vont aider le Japon à redécoller ce qu’il va faire rapidement avec des taux de croissances exorbitants (plus de 10 %) jusque vers 1973 (c’est ce que les Japonais qualifient de période de « Haute Croissance »).
Le Japon ne disposant ni de sources d’énergie (un tout petit peu de charbon, pas de pétrole) ni de matières premières, va fonder son développement industriel sur une industrie lourde important pétrole, charbon et minerais (raffinage pétrolier, pétrochimie, sidérurgie, construction navale) et une industrie légère utilisant sa main d’œuvre nombreuse, peu coûteuse et disciplinée : il va dans un premier temps (années 1950) se contenter de montage (jouets, radio, automobile…), de confection.
Dans un second temps (années 1960) les Japonais vont se montrer capables de copier des modèles européens ou américains (ex. dans l’automobile) Puis ils seront en mesure de produire des modèles conçus au Japon (Ex. motos , appareils-photos, magnétoscopes…) A partir des années 1980 ils maîtrisent toutes les branches industrielles.
L’argent récolté leur permet dès lors d’investir à l’étranger (Etats-Unis, Europe occidentale) mais surtout en Asie orientale où ils vont délocaliser les productions qui ne sont plus porteuses vers des pays où les salaires sont plus bas.
2.Le développement économique des « Dragons » puis des «Bébés Tigres »
Il se fait sur un modèle assez similaire à celui du Japon et grâce en grande partie au départ à des investissements japonais.
Taiwan la Corée du Sud, Singapour et Hong Kong vont ainsi développer des industries d’assemblage avant de gagner des créneaux plus intéressants (conception de produits plus élaborés) leur permettant de voir augmenter leur niveau de vie et de quitter le groupe des pays en développement. Taïwan et la Corée du Sud vont également développer une industrie lourde. Singapour ne va connaître qu’un développement du raffinage pétrolier. Hong Kong, faute de place, n’a pas d’industrie lourde mais devient rapidement une place tertiaire importante.
Dans les années 1980 ce sont les «Bébés Tigres » (Malaisie, Thaïlande, Philippines, Indonésie, Viêt-nam) qui commencent à prendre le relais des industries d’assemblage car désormais les salaires sont devenus trop élevés dans les « Dragons » lesquels préfèrent se consacrer à des productions à plus haute valeur ajoutée.

3.Le cas particulier de la Chine
Un autre rappel historique est nécessaire pour comprendre le modèle très original de développement de la Chine actuelle : un système politique communiste et une économie capitaliste.
En 1949 la Chine bascule dans le camp communiste avec Mao Zedong à sa tête. Pendant la décennie 1949-1959 l’URSS l’aide à se développer sur le plan industriel mais rapidement c’est la rupture.
Le Président Mao souhaite prendre ses distances avec l’URSS et promouvoir un modèle communiste chinois spécifique privilégiant les paysans.
C’est le lancement du « Grand Bond en avant » une opération de collectivisation qui se traduit par la dernière grande famine que la Chine ait connu puis quelque temps plus tard par la « Révolution culturelle » (1966-1976) un essai idéologique désastreux pour détruire les anciennes structures sociales (famille, système scolaire et universitaire) : les intellectuels sont envoyés à la campagne pour apprendre à cultiver le riz ! La Chine stagne dans son sous développement avec une croissance démographique inquiétante.
Après la mort de Mao (1976), Deng Xiaoping son successeur va dès 1978 amorcer un changement radical de politique économique en acceptant dans un premier temps (1979) l’ouverture de ZES Zones Economiques Spéciales (la plus célèbre est Shenzhen près de Hong Kong) puis progressivement de tout le littoral chinois. Parallèlement il mène une politique de limitation des naissances rigoureuse : politique de l’enfant unique (1979) qui sera ultérieurement un peu assouplie.
Très rapidement la Chine littorale décolle et en l’espace de deux décennies les progrès économiques sont considérables dans les grandes villes proches du littoral. Shanghai avant tout redevient la capitale économique du pays après avoir été évincée pendant la période maoïste. Pékin se développe rapidement mais aussi Canton ou Shenzen pour ne pas parler de Hong Kong qui rejoint la Chine communiste en 1997 avec un statut spécial et continue son essor économique.
Les taux de croissance économique sont supérieurs à 10 % ce qui est exceptionnel. De plus l’urbanisation avait été très fortement freinée pendant la période maoïste (pour des raisons idéologiques) : la Chine est extrêmement en retard dans ce domaine par rapport aux autres régions du monde (environ 25 % d’urbains en 1980) De ce fait l’urbanisation est explosive depuis une quinzaine d’années.
B.De grandes régions industrielles littorales

La plupart des grandes régions industriels d’Asie orientale se situent en position littorale. La plus importante est la Mégalopole japonaise (cf chapitre suivant).
On peut citer à Taiwan la côte ouest avec la région Taipei-Kaoshiung. En Corée du Sud autour de Pusan le grand port du pays de grandes zones industrielles se sont installées.
En Chine à l’exception de la Mandchourie grande région d’industrie lourde au nord du pays actuellement en crise de reconversion, les autres régions industrielles sont en position littorale : la conurbation Pékin-Tianjin en formation, la région de Shanghai au débouché du bassin du Yangtzi, le delta de la Rivière des Perles avec Canton, Hongkong et Shenzhen
Parfois il a fallu créer de gigantesques terre-pleins gagnés sur la mer par manque de place. C’est surtout le cas au Japon.

C.D’immenses villes-portuaires

Les grandes villes d’Asie Orientale sont presque toutes des ports (à l’exception de Pékin mais qui est en train de former une région urbaine avec son port, Tianjin situé à 60 km).
Il serait judicieux d’être capable de montrer comme la ville s’organise à côté de son port en faisant un schéma :
soit de Shanghai avec son nouveau quartier de Pudong (nouveau CBD) et son nouvel avant-port
soit de la baie de Tokyo
(cf deux études de cas bien faites dans le manuel)

II.Des inégalités profondes mais une politique d’intégration régionale

A.Une typologie de la région selon le degré de développement économique

On peut schématiquement distinguer quatre groupes de pays et de régions en fonction de leur degré de développement
1.Le Japon, 2e puissance mondiale
2.Les « Dragons » : de nouveaux pays du « Nord »
3.La Chine littorale
4.Chine intérieure et Bébés Tigres
Reprendre les remarques faites dans l’introduction statistique
Cette typologie doit apparaître sur le croquis de synthèse)

B.Des politiques d’intégration régionale dans le cadre de l’ASEAN

Vu l’essor économique de cette région on pourrait s’attendre à ce que des initiatives en matière de coopération économique voire politique s’y développent comme c’est le cas dans les autres régions du monde connaissant une grande dynamique économique (Amérique du Nord, Europe occidentale). Néanmoins certains aspects historiques et culturels semblent freiner ces initiatives
1.Des Etats forts
La plupart des Etats de cette régions sont centralisés, avec une bureaucratie puissante (qui est d’une certaine manière une héritière de la bureaucratie impériale chinoise qu’incarnaient les « mandarins », grands lettrés chinois recrutés sur concours). Le personnel politique est le plus souvent coopté (plutôt qu’élu de manière démocratique) au sein des mêmes milieux voire des mêmes familles. L’Etat est souvent interventionniste, notamment dans le domaine économique. C’est ainsi le cas au Japon où le très puissant ministère de l’industrie (le MITI) a dopé le développement industriel dans les années d’après-guerre.
2.Communisme et capitalisme
De plus cet espace reste partagé la fracture qui existait à l’époque de la Guerre Froide entre pays communistes et pays capitalistes.
Si la grande majorité des Etats sont capitalistes, on trouve néanmoins quelques régimes communistes plus ou moins durs : le plus fermé est celui de Corée du Nord ; ceux du Laos et du Viêt-nam restent dans la ligne communiste mais leur économie s’ouvre au capitalisme.
Le régime chinois nous étonne par son apparente schizophrénie : un régime politique communiste pur et dur pas du tout prêt à lâcher du lest (les étudiants de la place Tian an Men à Pékin sont délogés par les chars en 1986 quand ils réclament la démocratie) et une économie favorisant un capitalisme sauvage très peu respectueux de la main-d’œuvre qui vit dans des conditions difficiles est peu payée…mais est malgré tout satisfaite des conditions qui lui sont faites par rapport à la misère des régions rurales de l’intérieur.

3.Des essais d’intégration régionale fort limités.

En 1967 (en pleine guerre du Viêt-nam et sous l’influence des Etats-Unis), les pays capitalistes de la zone (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Singapour) ont créé l’ASEAN (Association of South East Asian Nations), organisation intergouvernementale sans grande influence. Le but était de créer des liens dans les domaine politique, économique et culturel. Ces pays ont été rejoints par le Brunei, le Viêt-nam, le Laos et le Cambodge. Ils ont récemment noué des liens avec le Japon, la Corée du Sud et la Chine.
Parallèlement les états riverains de Pacifique adhérent à l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) créée en 1989 et qui regroupe 21 pays de part et d’autre du Pacifique et vise un objectif très général : « relier les économies et les peuples via le commerce, l’investissement et la technologie ».
En définitive la coopération en Asie orientale demeure pour l’instant limitée.

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