mardi 10 avril 2007

LES RELATIONS INTERNATIONALES DE 1945 A AUJOURD’HUI

Introduction :

Pendant près d’un demi-siècle les relations internationales ont été marquées par la rivalité incessante entre les Etats-Unis et leur bloc d’une part, l’URSS et son bloc d’une part.

Les USA et l’URSS se sont alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale et en sont les 2 grands vainqueurs. Or dès la fin du conflit, les divergences de conception du monde entre les deux, débouchent sur ce qu’on appelle la « guerre froide », une lutte d’influence pour le contrôle du monde qui ne débouche jamais sur un conflit direct entre les deux et une troisième guerre mondiale mais seulement sur des conflits limités impliquant des pays tiers.

Cette période coïncide avec la grande vague de décolonisation du monde, c’est-à-dire d’accession à l’indépendance de nombreux territoires en Afrique, en Asie et dans le Pacifique (voir chapitre suivant)

Depuis le début des années 1990, le contexte des relations internationales s’est transformé avec l’éclatement de l’URSS et de son bloc d’alliés. Depuis les Etats-Unis sont la seule superpuissance mondiale et de multiples conflits très complexes se sont développés dans les pays en voie de développement. Il est trop tôt pour saisir les conséquences de ce nouveau rapport de forces.


Chapitre I Les relations internationales de 1947 à 1991

I.Le divorce Etats-Unis –URSS (1946-1948) : la naissance de la guerre froide

La situation en 1945

URSS s’est trouvée engagée dans la 2GM en juin 1941 (attaque allemande)
USA se sont trouvés engagés en décembre 1941 (attaque japonaise à Pearl Harbour)
= USA et URSS se sont donc trouvés alliés de circonstance dans cette guerre sans pour autant partager la même conception du monde.

Ils se sont mutuellement beaucoup aidés pour parvenir à la libération de l’Europe. Mais si l’accord est là concernant le sort à court terme des pays libérés (qu’il faut administrer provisoirement) de profondes divergences existent concernant les projets à moyen terme.

Ces divergences ne pas sont très visibles en février 1945 (donc avant la fin de la guerre) lors de la Conférence organisée à Yalta (en Ukraine sur les bords de la mer noire) au cours de laquelle Américains, Soviétiques et Britanniques décident de partager l’Allemagne en 4 zones d’occupation et de se répartir l’occupation de l’Europe : l’Europe orientale revient à l’URSS

Des divergences qui s’accentuent et une lutte d’influence qui progresse

1.Pas d’accord sur le sort de l’Allemagne

A la Conférence de Potsdam (banlieue de Berlin) en juillet 1945 où l’on devait décider du sort de l’Allemagne après l’occupation provisoire des troupes alliés, on ne tombe d’accord sur rien. Conséquence : chaque pays va continuer à administrer provisoirement sa zone et son morceau de la ville de Berlin.

2.La doctrine Truman et le Plan Marshall

En mars 1947 le président des Etats-Unis Truman prononce un discours politique d’importance dans lequel il expose comment il entend lutter contre le communisme pour l’endiguer (politique dite de « containment » en anglais) : pour cela il propose une aide économique.
En application de ces principes en juin 1947 les Américains proposent un plan d’aide économique destiné à la reconstruction de l’Europe (plan Marshall) Ils pensent ainsi éviter que l’Europe ne devienne totalement communiste) : l’Europe de l’Ouest accepte de bon cœur, l’URSS refuse au nom des pays de l’Europe de l’Est (cf p 107)

3.La doctrine Jdanov et le Komimform

Côté soviétique le bras droit de Staline, Jdanov, fait en septembre 1947 une analyse de la situation internationale dans laquelle il dénonce l’expansionnisme américain. Pour lutter contre cet expansionnisme il crée en octobre 1947 le Kominform (Bureau d’Information des partis communistes) qui rassemble les partis communistes sous la direction de l’URSS.

4. Le « coup de Prague »

Le divorce entre les 2 Grands est consacré en 1948 lors de ce qu’on appelle le « coup de Prague ».
Prague est la capitale de la Tchécoslovaquie, Etat d’Europe centrale à la charnière entre le camp capitaliste et le camp communiste. Cet Etat a été dépecé par Hitler avant la guerre (1938-1939) avant de retrouver son unité en 1945 libéré par l’armée rouge.
En 1948, on y trouve, comme partout en Europe à cette époque (sauf au Royaume Uni), un parti communiste puissant mais le pays a connu dans l’Entre Deux Guerres un régime capitaliste libéral qui s’est remis en place en 1945 et il y a donc d’autres partis.
Devant la menace d’un coup de force communiste, le Président de la République Benès préfère se retirer en février 1948 : un régime communiste s’installe à Prague et le pays bascule dans le camp de l’URSS. Personne ne remettra en cause par la suite le fait que la Tchécoslovaquie soit dans le camp soviétique.
Désormais tous les pays d’Europe orientale appartiennent au camp soviétique : Tchécoslovaquie, Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Albanie (la Yougoslavie est communiste mais refuse d’appartenir au bloc et d’être contrôlée par l’URSS) (cf carte p 107)

5. Le sort de l’Allemagne

a)la situation en 1945
L’Allemagne en 1945 est ruinée, à reconstruire et à administrer. A la conférence de Yalta de février 1945 les alliés ont décidé de se partager la tâche en découpant provisoirement quatre zones d’occupation.
A l’ouest on trouve une zone britannique, une zone française et une zone américaine et à l’est une zone soviétique. La ville de Berlin qui se trouve dans la zone soviétique est, elle-même, partagée en quatre zones d’occupation

b)le blocus de Berlin

En juin 1948 les Soviétiques mécontents du fait qu’Américains, Français, et Britanniques viennent de créer une nouvelle monnaie commune dans leurs trois zones (le Deutsche Mark) première étape de la création d’un Etat tentent un coup de force pour voir si les Américains sont prêts à lâcher Berlin. Ils bloquent les autoroutes et voies ferrées qui permettent d’y accéder depuis les zones d’occupation occidentales. La réaction américaine est immédiate : un « pont aérien » est mis en place pour ravitailler les zones d’occupation occidentales à Berlin. Bref ce blocus est inefficace ! Devant cette détermination, les Soviétiques, quelques mois plus tard abandonnent le blocus.
c)la création des deux Allemagnes et ses conséquences

Voyant qu’on ne parviendra pas à s’entendre avec les Soviétiques, les Américains, Français et Britanniques réunissent leurs trois zones d’occupation en mai 1949 et fondent la RFA : République Fédérale d’Allemagne : sa capitale est fixée à Bonn. La Loi Fondamentale de la RFA (équivalent de la Constitution) prévoit la possibilité d’une réunification et permet à toute personne d’origine allemande qui en fait la demande d’obtenir la nationalité de la RFA.

En réaction les Soviétiques fondent en octobre 1949 la RDA République Démocratique Allemande : sa capitale est Berlin-Est (qui contrairement à ce que son nom indique n’est pas une « démocratie » au sens où nous l’entendons en Europe occidentale mais une « démocratie populaire » c’est-à-dire un régime autoritaire calqué sur l’URSS avec un parti unique et des candidats uniques désignés par le parti).

II.La guerre froide (1948-1962)

Chaque camp consolide son bloc

1.Sur le plan militaire

En 1949 les USA créent l’OTAN, Organisation du Traité de l’Atlantique Nord qui les lie au Canada et aux pays d’Europe occidentale, en vue d’organiser la défense de l’Europe face aux Soviétiques.
L’URSS répond à cette initiative en 1955 en créant le Pacte de Varsovie qui rassemble l’URSS et les pays d’Europe de l’Est.
Les USA continueront cette politique en créant l’OTASE (Organisation du Traité de l’Asie du Sud-EST), l’ANZUS (Australie, Nouvelle-Zélande, USA) et le Pacte de Bagdad (avec certains pays du Proche Orient en vue d’encercler l’URSS.

2.Sur le plan économique

Ce sont les Soviétiques qui prennent l’initiative en créant le CAEM (Conseil d’Aide Economique Mutuelle) appelé aussi COMECOM rassemblant l’URSS et les pays d’Europe de l’Est en un grand marché.

Plus tard les Européens commenceront à créer un marché commun : la CEE en 1957 regroupant France, RFA, Italie et Bénélux.

Course aux armements et conquête spatiale

1. La surenchère militaire

Si en 1945 seuls les Etats-Unis disposent de l’arme nucléaire, très vite les Soviétiques vont mettre au point la bombe A (1949).
La recherche se poursuit aux USA qui mettent au point la bombe H (thermonucléaire) en 1952, l’année suivante l’URSS en est dotée.

Ces têtes nucléaires sont capables d’équiper des missiles à courte, moyenne et longue portée basés au sol, lancés depuis des sous-marins tapis au fond des mers ou jetés par des bombardiers : la menace nucléaire devient donc gravissime. Les 2 Grands se rendent compte qu’ils sont capables de se détruire mutuellement et de détruire le monde entier. Ils utilisent ces armes comme armes de dissuasion (= pour dissuader l’autre d’attaquer)

Dans le domaine de l’armement conventionnel c’est également l’escalade : chars, avions, etc…sont de plus en plus nombreux dans les arsenaux des 2 Grands et de leurs alliés ou protégés. Heureusement seules ces armes conventionnelles seront utilisées pendant la guerre froide.

3.Surenchère spatiale

En 1957 les Soviétiques sont les premiers à envoyer un engin en orbite autour de la terre (le Spoutnik), Les Américains sont profondément vexés d’avoir été pris de vitesse et lancent un grand programme spatial qui les mènera sur la lune en 1969.
Pendant toutes ces années la compétition entre Soviétiques et Américains aboutira à de grands progrès dans ce domaine : vols habités, satellites d’observation et de télécommunication.
En URSS les autorités mettront beaucoup de capitaux dans ces projets alors que l’industrie des biens de consommation connaît de graves pénuries.


Des guerres par pays interposés

Pendant toute cette période il n’y aura jamais de véritable guerre entre les USA et l’URSS mais des conflits touchant des pays tiers.




1.La guerre de Corée (1950-1953)

Le plus meurtrier est celui qui touche la Corée entre 1950 et 1953. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale le pays était coupé en 2 : les Soviétiques avaient occupé le Nord, les Américains le Sud (qui avait été colonisé pendant la guerre par le Japon). Or en 1950 le Nord communiste attaque le Sud : une offensive de l’ONU sous commandement américain est lancée. Les forces s’enlisent et au bout de 3 ans on signe une paix qui consacre la coupure pays en 2 Etats : au Nord un Etat communiste (qui l’est toujours et dont la situation économique et sanitaire est catastrophique aujourd’hui), au Sud un Etat capitaliste (devenu aujourd’hui la prospère Corée du Sud).

2.La guerre d’Indochine puis du Viêt-nam (1946-1973)

Quand après 1954 la France décolonise le Viêt-nam et que le pays est partagé en 2, une guerre longue va s’engager entre Vietnamiens du Nord communistes soutenus par la Chine et Vietnamiens du Sud soutenus par les Etats-Unis. Cette guerre sanglante va se terminer en 1973 par la consécration de la coupure du pays en deux, coupure qui sera courte puisqu’en 1975 les Vietnamiens du Nord s’empareront du Sud (chute de Saigon) et réunifieront les 2 parties : les Viêt-nam est aujourd’hui toujours un pays communiste

III.Deux modèles antagonistes


Le modèle américain

Le modèle américain est fondé sur la croyance ferme et presque inébranlable en un certain nombre de valeurs :

1.La démocratie :

C’est le pays qui a la plus vieille Constitution (1787) plusieurs fois amendée
Le système présente une stricte séparation des pouvoirs entre
le Président (élu pour 4 ans) qui dispose avec ses conseillers (Secrétaire) du pouvoir exécutif
le Congrès composée de la Chambre des Représentants (élue pour 2 ans) et du Sénat (élu pour 6 ans) qui dispose du pouvoir législatif
la Cour Suprême (9 juges nommés à vie) qui est au sommet du pouvoir judiciaire

2.Le capitalisme et la propriété privée :

Le « self made man » (celui qui parti de rien est devenu millionnaire) est un grand mythe américain
La culture matérialiste est fortement valorisée et dope le développement économique du pays

3.La liberté d’opinion et de presse

Le rôle de la presse est considérable et constitue un véritable contre-pouvoir capable de renverser un Président

4.La croyance religieuse

Les Etats-Unis sont un pays chrétien : leur devise « In God we trust » affirme fortement cette identité chrétienne La laïcité propre à l’Europe catholique y est absente.
Cette particularité religieuse a joué un rôle essentiel dans la construction de l’identité collective du pays : parmi les premiers immigrants se trouvaient des chrétiens protestants persécutés en Europe. La plupart des Américains d’aujourd’hui appartiennent à différentes branches du protestantisme : baptistes, méthodistes, presbytériens, amish mais aussi à des églises millénaristes : mormons, témoins de Jéhovah, adventistes, pentecôtistes. Les grandes plaines sont les fortement imprégnées (on parle de « Bible Belt ».

Il en reste jusqu’à aujourd’hui un certain puritanisme face au mariage et à la sexualité, une aversion pour le mensonge (notamment celui des hommes politiques)

5.L’essor culturel des Etats-Unis après 1945

Alors qu’au XIXe les Etats Unis étaient un pays puritain, peu tourné vers les loisirs, les arts et la culture et essentiellement voués à une culture du travail, ils connaissent une véritable éclosion culturelle dans :
La peinture
La littérature
Le cinéma

Ils développent un système de communication de masse (cinéma puis télévision) progressivement capable de diffuser leurs valeurs à travers le monde.

Ils constituent un exemple envié et admiré par de nombreux Européens et dans le monde entier.

6.Les limites du modèle américain

Toutefois ce modèle est partiellement remis en cause :
Quand autour de 1953 les Etats-Unis sont touchés par une poussée virulente d’anticommunisme alimentée par le sénateur Maccarthy qui voit des traîtres partout.

Quand dans les années 1960 un certain nombre de contestations se mettent en place :
Contre la ségrégation envers la minorité noire
Contre la guerre du Viêt-nam
Contre la société de consommation.

Le modèle américain survit jusqu’à aujourd’hui à ces vicissitudes sans s’être profondément modifié.

Le modèle soviétique

Le modèle soviétique repose sur des bases totalement différentes pour ne pas dire complètement opposées :

1.Un système politique totalitaire :

Il n’y a qu’un seul parti : le parti communiste qui présente des candidats uniques lors des élections.
Le pouvoir est très centralisé aux mains d’un seul homme (Staline jusqu’en 1953 puis Khroutchev) qui organise un culte de la personnalité.
Les opposants sont envoyés dans des camps (le Goulag)

2.L’absence quasi-totale de propriété privée et la collectivisation des moyens de production :

L’agriculture a été collectivisée par Staline dans les années 1930 (d’où une horrible famine) et les paysans travaillent des des kolkhozes (coopératives) ou sovkhozes (fermes d’Etats) ne disposant que de petits lopins personnels pour y cultiver à leur guise.
L’industrie est aux mains de l’Etat qui a lancé de gigantesques programmes dans l’industrie lourde, notamment en Sibérie

3.Les promesses du modèle soviétique

Le système soviétique entend assurer à chacun :

Un travail permettant de se nourrir et d’accéder aux biens de consommation de base
Un logement à bon marché
Des soins gratuits et de bonne qualité
Une éducation primaire, secondaire et supérieure gratuite
Des biens culturels bon marché (livres, spectacles)
Des loisirs à tous les âges de la vie
Des transports en commun bon marché (bus, train, avion)

Il considère qu’il s’agit là de libertés réelles par rapport aux grandes libertés des démocraties (réunion, presse…) qui ne servent à rien si on vit dans la misère

Or dans un pays qui a connu la famine, la guerre et la répression ainsi que dans les pays voisins d’Europe orientale, un tel programme peut séduire les populations.

4.Les limites du modèle soviétique

Hélas le système commence à donner des signes de faiblesse dans les années 1980 :
impossibilité d’améliorer la production sous Khroutchev et de rattraper les Etats-Unis
contestations par les pays frères
existence de dissidents (Soljenitsyne dénonce le Goulag)
faillite économique et impossibilité de faire la « pérestroïka »  (restructuration) avec Gorbatchev à partir de 1985.


Toutes ces difficultés aboutiront à l’effondrement total du modèle soviétique : fin de son modèle politique, économique et social en 1991 avec l’éclatement de l’URSS en 15 Etats Indépendants qui progressivement deviennent presque toutes des démocraties et adoptent le capitalisme.


IV.Une certaine détente (1956-1975)

1.Mort de Staline et arrivée au pouvoir de Khroutchev

Staline disparaît en 1953 après avoir dirigé l’URSS d’une poigne de fer pendant 25 ans et éliminé impitoyablement ses opposants. Il dispose néanmoins jusqu’à sa mort d’une grande popularité entretenue par la propagande en tant que chef victorieux de la Seconde Guerre Mondiale et ce, malgré la répression féroce qu’il a exercée.

Khroutchev devient progressivement son seul successeur et commence à critiquer la politique de répression de Staline : un mouvement de déstalinisation est entrepris dès 1956, critiquant les excès du dictateur lors du XXe Congrès du PCUS.

Mais dans un premier temps cela ne remet pas en cause le climat de « guerre froide » entre USA et URSS.

2.Le mur de Berlin (1961)

La coupure de l’Allemagne en Deux Etats Indépendants ayant des systèmes rivaux posent des problèmes pratiques : si les citoyens de la RDA ne peuvent passer la frontière pour aller en RFA, ils peuvent venir dans leur capitale Berlin-Est. De là il peuvent librement passer à Berlin-Ouest, prendre contact avec les autorités de la RFA, obtenir des papiers d’identité de la RFA et passer à l’Ouest : en l’espace d’une dizaine d’années, plus d’un million de personnes (jeunes et qualifiées) quittent ainsi la RDA.

C’est une catastrophe économique pour la RDA qui conduit en 1961 à la construction du mur de Berlin, un mur infranchissable qui encercle totalement Berlin-Ouest, empêchant les Allemands de RDA d’y pénétrer : à partir de 1961 il n’y aura pratiquement plus de départs de RDA.
Lors de la construction du mur le Président américain (Kennedy) proteste mais ne fait rien.

3.La crise de Cuba à l’origine d’une nouvelle donne

En 1962 éclate à Cuba la crise sans doute la plus grave de toute la période. Il est nécessaire d’en rappeler le contexte.
Cuba est une grande île des Caraïbes, très proche de la Floride, qui a été une colonie espagnole jusqu’à la fin du XIXe siècle avant de devenir indépendante en droit mais contrôlée économiquement et politiquement par les Etats-Unis qui y mettent en place plusieurs dictateurs.
Cependant une Révolution y éclate en 1959 et un certain Fidel Castro, anti-américain arrive au pouvoir. Les Américains ont beau tenter une expédition militaire pour le renverser en 1961 (expédition à la  baie des Cochons), c’est un échec et ils essaient d’asphyxier économiquement Cuba en refusant d’acheter son sucre.

Fidel Castro se rapproche alors de l’URSS qui promet de l’aider économiquement en lui achetant son sucre et qui est très contente de mettre ainsi un pied sur le continent américain et d’étendre son camp.

Quand, en 1962, les Américains découvrent grâce à leurs avions espions que les Soviétiques sont en train de mettre en place à Cuba des rampes de lancement de missiles nucléaires qui sont à portée des grandes villes américaines, le Président Kennedy réagit violemment en exigeant un retrait immédiat de ces armes de destruction massive et en décidant un blocus maritime de Cuba.

Un bras de fer s’engage entre les deux pays. La menace est très sérieuse car des sous-marins soviétiques sont cachés à proximité de Cuba et que leurs commandants sont sans liaison avec Moscou.
Finalement les Soviétiques acceptent de retirer leurs missiles, Cuba reste communiste (et l’est toujours).

Mais ce qui a été le plus inquiétant dans cette crise c’est qu’elle a fait apparaître le risque de déclenchement d’une guerre nucléaire par méprise à cause de mauvaises communications entre les deux camps. Pour éviter cela, dans les mois qui suivent USA et URSS mettent en place une liaison téléphonique directe entre Washington et Moscou : le « téléphone rouge ».

4.Des essais de conciliation

Dans cette décennie 1960 les relations internationales restent dominées par la lutte d’influence entre les deux camps (notamment au Viêt-nam, mais également en Afrique où les territoires sont décolonisés les uns après les autres) mais des signes de détente sont perceptibles.
Symboliquement on peut à nouveau voir des dirigeants américains et soviétiques photographiés côte à côte
Visite officielle de Nixon en Chine communiste en 1972
Négociation sur la réduction des armements : accords SALT (Stratégic Armement Limitation Talks) de 1972 entre USA et URSS (qui ne seront pas appliqués car le Sénat américain refuse de les ratifier)
En 1975 un geste symbolique de la bonne volonté réciproque est la poignée de main dans l’espace entre un équipage américain et un équipage soviétique qui ont réussi à arrimer leurs deux navettes.

5.Des blocs moins solides

Les deux blocs semblent d’affaiblir :

Le bloc américain est marqué par le développement de la Communauté Economique Européenne créée en 1957 qui s’élargit en 1973 (GB, DK, IRL) : l’Europe occidentale est désormais moins dépendante économiquement des USA et moins docile (en 1966 la France se retire du commandement intégré de l’OTAN et les Américains évacuent les bases de l’OTAN en France).

Dans le bloc soviétique on note un certain nombre de foyers de contestation, limités certes, mais qui ne feront que s’accentuer au fils des années : ainsi au printemps de 1968 les Tchécoslovaques descendent dans la rue pour réclamer plus de liberté d’expression… Cette contestation est de faible durée puisque les chars soviétiques interviennent pour remettre de l’ordre.

La Chine populaire (communiste depuis 1949) rompt avec l’URSS en 1959-1960 et renvoie les conseillers soviétiques : elle reste communiste mais décide de choisir sa propre voie.

De plus certains pays nouvellement décolonisés refusent de rejoindre l’un ou l’autre des blocs et lancent le mouvement des Non-Alignés (en 1955) qui se développe dans la décennie 1960 : il regroupe notamment l’Inde de Nehru, l’Indonésie, L’Egypte de Nasser, la Yougoslavie.


V.De nouvelles crises à partir de 1975

Malgré ces signes de détente, les relations internationales restent marquées par la compétition entre les deux Grands et la tension va, à nouveau, se renforcer après 1975. La guerre froide n’est donc pas terminée.

A.De nouveaux foyers de tension

Un certain nombre de pays ont basculé dans le communisme ou sont en train de le faire (Viêt-nam en 1975, Angola et Mozambique, anciennes colonies portugaises décolonisées en 1974, Nicaragua qui devient communiste en 1979).

Les Etats-Unis se sentent affaiblis par leur défaite au Viêt-nam et par la crise qui éclate en Iran en 1979 et qui y renverse le régime pro-américain au profit du régime islamiste de l’Ayatollah Khomeiny.

B.La crise afghane

C’est la dernière crise de cette « guerre froide ». Elle éclate en 1979 quand l’URSS envahit l’Afghanistan, suscitant ainsi une profonde réprobation du camp américain.
Cependant la situation est plus complexe qu’il n’y paraît : il faut d’abord rappeler que pendant le XIXe siècle la Russie a exercé une influence militaire et économique sur le nord de ce pays enclavé, montagneux et très archaïque (c’est notamment des cartographes russes qui y réalisent les premières cartes). Par ailleurs le régime communiste qui s’est mis en place en 1978 à Kaboul (sa capitale) et veut sortir le pays de son archaïsme économique et social, étant en difficulté, a appelé l’URSS à la rescousse.
Malheureusement les Soviétiques avec leurs chars ne parviennent à contrôler que Kaboul et 10 % du pays (les plaines) pendant que les chefs de tribus traditionnels des montagnes sont armés par les Etats-Unis et harcèlent les troupes soviétiques.

Par réaction contre cette agression des Soviétiques sur l’Afghanistan, les Américains et plusieurs de leurs alliés mettent l’embargo sur les exportations de blé à destination de l’URSS, boycottent les Jeux Olympiques de Moscou de 1980 (les Soviétiques boycotteront ceux de Los Angles en 1984).
De nouveaux missiles nucléaires sont déployés en Europe (SS 20 soviétiques contre Pershing américains) (1983) : bref les relations qui étaient devenues presque cordiales en 1975 sont à nouveau très tendues.

C’est l’arrivée au pouvoir d’un nouveau dirigeant en URSS qui va faire basculer les choses.

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